1. |
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Qui j'suis vraiment ?
Qu'est c'qui m'définit est-ce qu'en
Réalité je suis unique ?
Qu'est ce qui fait l'homme
Est ce la tunique ?
La silhouette, le talent
Le sourire ou bien la naissance ?
Étant donné qu'je suis c'que j'chante
Les questions sont les mêmes pour ma musique.
Soit une belle personne, 1
Travaille à l'école, 2
J'ai grandi avec ces deux
Principes dans ma caboche
Hein
À ceux qu'ont beaucoup reçu
On demandera beaucoup
J'ai beaucoup reçu
Alors pourquoi j'appelle au secours ?
J'écrase sous la pression des choix qu'j'fais pas
Y'a tout sauf la paix le silence en moi
Je répète sans comprendre, les conseils qu'on me donne
Les modèles les exemples et tous les saints me donnent le tournis
Qui qu'je sois j'suis capable de grandes choses
C'est sûr ouais
Mmm
Pour ça j'dois sortir des boîtes m'en rendre compte
Me trouver
Mmm
Tous les modèles les exemples restent des humains
Mmm
C'est sur ça prendra du temps pour trouver mon propre chemin
Mais...
Qui qu'je sois j'suis capable de grandes choses
C'est sûr ouais
Mmmm
Pour ça j'dois sortir des boîtes m'en rendre compte
Me trouver
Mmmm
Je n'ai plus peur de demain depuis que j'ai deux mains
Mmmm
Mon av'nir à l'intérieur, chacun est appelé à être saint
Qui je suis ?
De quoi, j'ai envie ?
Est-ce que j'fais c'que j'aime faire ou c'qu'un autre m'a mis dans la tête ?
Suis-je lucide ?
Est-c'que j'vis dans mes rêves ?
Qu'est ce que j'attends des autres,
Au lieu d'les laisser être ?
Qui qu'je sois j'suis capable de grandes choses
C'est sûr ouais
Mmm
Pour ça j'dois sortir des boîtes m'en rendre compte
Me trouver
Mmm
Tous les modèles les exemples restent des humains
Mmm
C'est sur ça prendra du temps pour trouver mon propre chemin
*Hors de sa zone de confort, le jeune homme a dû faire face à lui même. Traduire les inspirations, les paroles sacrées, dans sa propre vie et dans un langage qui n'use pas de mots.
Lorsqu'il voit la beauté de fleurs que caresse le soleil, fasciné de ciels parés de tous les nuages, lorsqu'il sent son cœur battre, ses poumons se gonfler, alors il sent qu'il n'est rien, et qu'à la fois, il est tout.
Il s'est trouvé. Façonné par l'art et le doute, il s'est trouvé avant tout parce qu'il s'est cherché.*
Ok c'est bon maint'nant j'ai capté l'truc
Ceux qui s'approprient l'vécu des autres
Sans vécu, j'en ai par dessus la tête
J'suis déçu d'moi même parce que j'suis
Pareil, ridicule
Y'a pas de mal à s'taire, si t'as rien à dire,
Faut capter le problème avant tout agissement
Pour se trouver pas de formule magique, de talisman
Pose un peu ton tel, tu commenceras à vivre
Je me répète,
une vie saine est simple
6 5 4 3 2 1
Vas y commence enfin !
Les expériences des autres sont des livres
Qui te guident dans tes choix et sur ton chemin
Le mien je l'ai tracé au gré de rencontres,
Tellement de gratitude, j'arrive pas à m'arrêter de dire merci
Tellement de chance encore pas sür que je m'en rende compte
C'est pareil pour ma musique pour ma vie.
Mmmmm
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2. |
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Viens on s'en va
Pour un week end
Pour un mois, pour une semaine
L'essentiel c'est plus ce qu'on ressent
Que le temps qui passe en lui même
Quelques jours peuvent durer des années
Et bien plus encore dans la mémoire
Des années peuvent passer comme une erreur,
Un moment d'inattention à regarder le futur
Le passé le présent nous passe en dessous
Du nez
Voyager c'est subjectif
Je reste loin de l'amnezia
Un peu trop sensible
Je me perd souvent dans les yeux
De ceux qui me regardent
J'y lis beaucoup de choses
Quand j'y vois des larmes
Une partie de moi perd le contrôle
La vie est un théâtre où
On joue souvent en impro
Même le plus intègre des acteurs
Joue bien plus d'un rôle
On se croit libres comme la nage
Mais la nage libre impose le crawl
Ivres de bonheur dans la cage
On s'perd parmi les autres, on synchronise
On mise sur un cheval et confie le reste
Au hasard en espérant que ça soit l'bon bah
D'après moi c'est pas l'bon bail
Je préfère miser sur moi
Capable de bien d'mal
Mais de beaucoup d'bien
Ma conscience m'accompagne
À coup de coup d'points
Me voilà rassuré
Eh eh eh
Même si je suis sûrement manipulé
Eh eh eh
Toute la meute se croit à part
Donc est elle vraiment à part ?
Tant qu'resteront les masques il n'y aura pas de pardon
Pourquoi se perdre en indignation ?
Monsieur est énervé
Le grand changement est discret
Il se nourrit d'action
(Refrain)
Viens on s'en va
On éteint nos téléphones
Viens on s'en va
On verra bien c'qui s'passe
Viens on s'en va
Allez allez vient on sort
Viens on s'en va
Ouvrons les yeux
Enlevons ce masque
Hors ligne
Le vrai voyage c'est être
Hors ligne
Le vrai voyage c'est être
Hors ligne
Le vrai voyage c'est être
Hors ligne
J'étouffe sur les réseaux
J'étouffe dans les aéroports
Jusque dans ma maison
dans mon téléphone
Je n'suis qu'un gros, porc
Qu'on engraisse de pubs
De même de, vidéos de merde
Il est où tout ce temps que j'perd ? Qui me le rendra ?
La femme dont rêve mes draps n'est plus qu'des vus sur whatsapp
Messenger
Ça me rendra fou
Où p'têtre que je n'parle que de ses photos
C'est tellement flou
Le temps c'est de l'argent pourquoi personne
Ne demande à ce qu'on le renfloue ?
L'imaginaire va trop vite
Instagram la new aphrodite
On nous parle de méditation
Ou fond il faut juste de l'ennui
Le téléphone me vole mes nuits
À force la vrai vie m'ennuie
Presque
On refuse les vrais sensations
En cherchant l'ivresse
Comment définir le voyage ?
Prendre l'avion et partir loin ?
Poster un tas d'photos
Et raconter à quel point c'était bien ?
Nan
J'suis tenace comme le chiendent
J'arrête pas j'ai les mains d'dans
Ma vie a changé le jour où
J'ai appris à en faire bon usage
J'ai lâché mon tel pour quelques instants
Au profit de casseroles de bêches de rateaux
Et de claquements
d'enthousiasme car, la beauté est partout
Quand on lui sourit
Le voyage commence pas à Orly, mais hors ligne
Viens on s'en va
On éteint nos téléphones
Viens on s'en va
On verra bien c'qui s'passe
Viens on s'en va
Allez allez vient on sort
Viens on s'en va
Ouvrons les yeux
Enlevons ce masque
Hors ligne
Le vrai voyage c'est être
Hors ligne
Le vrai voyage c'est être
Hors ligne
Le vrai voyage c'est être
Hors ligne
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3. |
Sobre (Prod. Bitodelnya)
03:40
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Développement durable
C'est un oxymore
"Ouvre le dico"
T'as pas 4 heures
Pour disserter
Moi non plus
C'est maxi mort
Ok
J'veux bien m'charger
D'un p'tit résumé
Promis j'ferai au plus court
Pour éviter qu'tu t'endormes
Numéro uno
Il faut du boulot
Pour s'occuper
Ou pour remplir le frigo ?
Pas l'temps pour toi
8h par jour ?
Quel temps peux tu encore consacrer aux autres ?
La routine, n'a pas la côte
Qu'est ce que la routine ?
Sors de chez toi, marche, fais c'qui t'motive
Ça dépend pas d'l'endroit mais d'la volonté
S'il le faut change de job
Numéro due
TU ES DOUÉ
qui que tu sois
Qu'importe d'où tu viennes
Ce qu'on t'as dis
Les mots qu'on t'assène
Une question : quel est ton domaine ?
La pression d'réussir c'est très français
Besoin de reconnaissance typique d'un système malade
On fait pas avancer ceux qu'on traite d'incapables
Qu'on stigmatise
Ca m'amène à mon numéro trois
Par d'éternelles palabres on cristallise des situations déplorables au lieu d'agir
On remplace les pensées saines
Par pub besoins fictifs pour des dollars
Solution simplissime mais sans intérêt :
Sooooors
De ta zone de confort
T'endors pas ouvre tes yeux ton coeur
Devient fooooort
Fais au mieux avec c'que t'es
C'que t'as
Y'a tout c'qui faut
Dans tes entrailles
En un mot soit
Sobre
Pourquoi toujours croissance ?
À quoi sert toujours plus d'argent ?
Ou ça mène et est ce que ça rend
Toujours plus heureux ?
Pourquoi vouloir être le plus grand ?
Le plus riche et tout le pouvoir ?
Le système marche par ça donc ne dit pas
Que la clé du bonheur c'est le partage
Pourquoi lobby manger
Nous dit comment on doit manger ?
Pourquoi pourquoi lobby bouger
Nous dit comment on doit bouger ?
On croit qu'la solution c'est le problème
C'est confortable mais ça sert à R
Le développement durable c'est pareil
Croissance tue faisons marche arrière
Sooooors
De ta zone de confort
T'endors pas ouvre tes yeux ton coeur
Devient fooooort
Fais au mieux avec c'que t'es
C'que t'as
Y'a tout c'qui faut
Dans tes entrailles
En un mot soit
Sobre !
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4. |
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On veut du changement
Maintenant
On étouffe dans notre carcan
N'entendez pas de vengeance
On est tous dans le même camp
Les gants blancs
Langues de bois
Mensonges, promesses, paquets verts
C'est fatiguant franchement il est plus que grand temps que ça s'arrête
Et pendant
Qu'des gens crèvent, dans les rues sous les fenêtres de nos lieux d'vacances
Se noient dans la mer dans laquelle on s'baigne
Nous on fait semblant
On dépense une énergie immense à faire comme si y'en avait pas au lieu de résoudre le problème
Allô les dirigeants
Ici jeunesse révoltée
Être milliardaire c'est votre but
Et c'qui détruit la société
La richesse véritable est mentale
Arrêtez de dire "c'est compliqué"
Soyez honnêtes, c'est du respect
Dites plutôt "C'est pas rentable"
Bla Bla Bla Bla Bla
Des discours on en a plein la tête
J'viens d'lire 200 pages
L'info cruciale en 201ème
On aime tellement les catastrophes
On provoque et on imite
Avalanches de paroles
Et vagues de mails comme un tsunami
*On veut du changement*
*On veut du changement*
*On veut du changement*
*On veut du changement*
On a fondé les institutions
Pour aider les citoyens
Pourquoi elles cherchent à gagner plus d'argent
Par n'importe quel moyen ?
À l'image de beaucoup d'choses
Le but c'est d'pas être transparent
Par chance ne pas être transparent
Aux yeux d'la loi c'est transparent
Système centralisé
Désolé Paris c'est pas la province
Arrêtez d'niveler par le bas
Responsabilisez les citoyens
L'système éducatif craque
Qu'est ce que ça veut dire le bac,
Depuis les quotas ?
Le prof est bouffon si l'élève est roi !
L'orientation doit pas être qu'en
fonction des capacités
2 ans d'prépa, 3 d'ingé
Tu voulais pas être boulanger ?
Tant de temps d'argent gâché
Pour s'rendre compte d'la valeur du temps
Big up les métiers manuels
Aussi utiles qu'satisfaisants
Pour être honnête je n'attend pas grand chose
De bon des politiques
On doit aller à gauche on va à droite et on s'en félicite
Ceux qui décident sont pas ceux qui savent
On cherche sans cesse un responsable
Une excuse, jamais de courage
"Voilà pourquoi on avance pas"
*On veut du changement*
*On veut du changement*
Dire c'qui va pas c'est facile
Tant mieux j'suis pas la pour ça
Il a fallu une pandémie
Pour qu'on écoute les scientifiques
Je blâme personne, prône le dialogue
Dur d'être lucide au creux d'la crise
Manque retenue, humilité
Trop de libertés est liberticide
J'crois en les assos
Démarches locales
L'amour, les bonnes intentions
Avoir, pouvoir, savoir
Faiblesse de l'homme
Ça donne la corruption
Marche sur la tête
Dans ce monde qui marche sur la tête
Tu seras dans l'bon sens
T'as juste à t'fier
À faire confiance à ton amour de l'autre
J'appelle à changer d'vie humblement
Change de cœur et de regard
On va nulle part sans sourire
Ça résume l'album de Népal
Au service des lois qu'on a créées
Finira-t-on morts sous les balles
D'armes qu'on aura vendues
Tué.e.s par le monstre qu'on créé ?
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5. |
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Angoissé.e
Stressé.e
Complexé.e
Pressé.e
Emporté.e
Coulé.e
Blessé.e
Remonter...
À la surface !
Gonfleeeeer
Les poumons
En entiiiiiierr
Traverser
Les mailles du filet x2
Survoler
Respirer
Sentir
La petite voix qui dit
Comment tu t'sens ? De quoi, t'as le plus envie ?
Comment tu sens, les autres ? Comment leur faire plaisir ?
Qu'importe les tracas du monde
Je ne douterai plus de qui j'suis
Je vois mieux depuis que j'ai fermé les yeux et ressenti
Je me suis trouvé !
*Fais confiance à ton feeling*
Je n'ai plus rien à prouver
*plus peur de vivre ma vie*
Juste ma conscience à écouter
Prier
Pour ne plus être ni jamais me laisser anesthésier
Répandre la paix
Remonter
Répondre à l'appel
Gonfleeeeer
Les poumons
En entiiiiiierr
Traverser
Les mailles du filet x2
Gonfleeeeer
Les poumons
En entiiiiiierr
Traverser
Les mailles du filet x2
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6. |
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J'erre dans la pièce
J'ai la tête chaude
J'me sens plus fatigué qu'avant la sieste
Et ma tête cause,
Raconte des histoires de plus en plus vieilles
J'arrive pas à la faire taire
Dans cet état j'me connais
Pas de mystère je vais finir par écrire queq' chose
Mes yeux s'accrochent, à la dernière étagère
Entrent dans l'alcôve,
Celle qui était trop haute pour la curiosité d'un jeune gosse
Parmi les livres je vois une petite tranche jaune
Je l'attrape et me demande quelle est cette étanche chose ?
Je me calme, un, sourire délicat a trouvé
Sa place, sur mon visage, écrire me fait tellement d'bien
Ça m'repose sans cesse la question :
"qui les écoute si mes pensées c'est moi ?"
Plus que thérapeutique mieux qu'le destin c'est le début d'mon chemin
J'me shoote à une liqueur triste,
Mélancolique
Ouvre les bocaux de passions
Fanées trop tôt
Des relations que j'ai nouées
Dont il reste les vieux os
Comment a fait pour atterrir sur mes genoux cet album photo ?
Oooh
Un sourire, une image, un voyage, tourne
Nouvelle page, un défunt, un naufrage, tourne
Un goûter, dentifrice, paysage, tourne
Un camping, un musée, une glace, tourne
Grands parents, grand amour, tourne
Nouvelle page, jaunie par le temps tourne
Photo écornée, cœur pas épargné tourne
Études, jeunesse, soirée, toi
Canicule, photo noire, j'voulais prendre les étoiles
Désert, mer, ciel, océan
Vélo, marche, nouveaux personnages, j'aurai en-
vie d'y rev'nir mais c'est vain chaque moment est unique
Resto, petit cœur, petit temps tourne
Soleil, pluie qui tombe comme sur la peau tendue d'un tambour
Coup d'vent, petite fleur, canaux d'Hambourg
Puis famille, rencontres, chemin d'grâce
Et puis des pages blanches
Oooh
Quelle évolution heureusement,
que cet album existe
C'est bon de s'rappeler
À quel point un jour mon cœur était p'tit
Mesurer le chemin parcouru
Se rappeler d'où l'on vient
Sans pour autant fantasmer les paradis perdus
J'mélange les cartes du jeu
Lance les dés panse mes plaies
Qu'importe la carte tirée face tombée
J'l'apprécie et ça m'va
Cet état d'esprit est ma planche
Les prochaines pages blanches sont les vagues
Et je surf surf surf suuuurf
Les pages les plus noires j'les aime
Aussi
Elles font pas moins partie de mon histoire
Les murs de mon être sont carrelés
D'ex votos
Toi, que j'ai dû apprendre à appeler mon ex
P'têtre un peu trop tôt,
et tous les autres
Je suis fier de vous y avoir, dans mon album photo.
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7. |
Ouverture (Prod. JimBim)
11:02
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Récemment, J’ai eu la chance de faire partie des privilégiés, pour qui le confinement lié à la pandémie a pu faire l’effet d’une pause, une respiration à l’échelle de la vie. Dans un doux silence, mes contemplations du ciel ont réfléchi mon regard vers l’intérieur de moi-même. Qui était-je avant cette pause ? Qui suis-je maintenant, et qui je veux être après ? Dans tous les chantiers, chacun a sa part, en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il a reçu. D’abord, où j'en suis dans ma propre construction ? Et ensuite, quelle est ma part dans le chantier du monde dans lequel je veux vivre ?
Ces questions ont amené la notion d’engagement dans mon paysage. Comment on s’engage ? Avant tout, pour une cause. Qui nous touche, qui fait suffisamment sens pour nous pour qu’on puisse accepter de la défendre face à une adversité plus ou moins raisonnable. De l’adversité, c’est en premier lieu en nous-même qu’on en trouve. On fait de son mieux pour être cohérents avec le message qu'on cherche à transmettre, parce que des paroles sont bien peu de choses sans actes. Et bien souvent, on transmet bien mieux en agissant qu'en parlant.
On ne peut qu’inviter quelqu’un à changer son regard sur quelque chose, sa manière de vivre. Parce que seule lui ou elle a le pouvoir de le faire, l’envie, et on serait bien les premiers à se braquer si on nous forçait à adopter une opinion, une habitude, quand bien même ce serait pour notre bien. L’imperfection qui nous lie tous appelle au respect et à la tolérance. Tous les extrêmes sont mauvais, et je pense qu’il n’y a pas plus de sens à défendre une cause, aussi louable soit-elle, de manière bornée et extrême, que de vouloir la démolir, de manière tout aussi bornée et extrême.
Afin d’échapper à ces postures, il y a d’abord l’écoute. Pas une écoute, feinte, qui attend à peine que quelqu’un ait fini de parler pour lui imposer qu’on a forcément raison. Non. Je parle d’une écoute entière, des yeux et des oreilles. Qu’est-ce que l’autre me dit, et pourquoi pense-t-il ça ? A sa place, je dirais peut-être la même chose ?
Ensuite, il y a l’humilité. Avec ou sans cravate, il est infiniment précieux de savoir reconnaître qu’on a eu tort. Qu’on a tort. Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ! Qui, sur Terre, sait tout ? Personne. Alors arrêtons d’exiger de nous et des autres de tout savoir, prévoir, et apprenons à dire des mots véritablement magiques : « je ne sais pas ». Plutôt que de mentir.
Sur quelque chose de vrai, d’honnête et de clair, on peut construire. Cette clarté commence dans l’usage qu’on a des mots. Dans ceux qu’on arrête de marteler aveuglément… et dans ceux qu’on arrête de cacher. Croissance, croissance, croissance. Consommer. Acheter 3 voitures, 5 téléphones, 10 sacs, 50 T-shirts. Posséder, montrer. Augmenter les gains, diminuer les dépenses, qu’importe les conséquences, sur l’environnement, les gens, tant qu’elles sont loin de nous, on n’y réfléchit pas. Des gens sont d’ailleurs formés et payés pour qu’on n’y réfléchisse pas, c’est un métier. Bullshit jobs à en perdre tout sens. Dévalorisation et mépris des métiers élémentaires, l’apprentissage, les seuls qui savent encore se servir de leurs mains et qui en ont, justement, du sens. Rêver d’argent, de luxe, confondre ça avec le bonheur. Mettre en doute, se moquer et finalement oublier ce qui nous bouscule. Croire en ce qui nous arrange, ce qui nous conforte. Manipuler, tronquer, gonfler nos réussites et les exhiber, toujours camoufler nos faiblesses, nos failles et nos défauts, chacun de notre côté comme si personne n’en avait, alors que c’est nous, aussi.
La croissance, à la base, est-ce que ce n’est pas fondamentalement la peur de manquer ? Une volonté d’accumuler individuellement , qui nous éloigne de l’autre et n’imagine pas le partage, dans une jungle inégale par nature, car on peut y naître Lion, ou agneau. L’autre, on en a peur, jusqu’à ce qu’on apprenne à le connaître.
Un monde qui ne croît pas vous paraît impossible ? Quand avez-vous entendu pour la dernière fois la possibilité de « décroître » ? Récemment, à la télé, dans les journaux à la radio ? Est-ce qu’on ne serait pas collectivement dans une posture extrême et bornée, à n’envisager que de croître, toujours, aveuglément sans même oser parler de décroissance, de l’envisager ou d’y réfléchir ? A l’évidence, une exploitation toujours « croissante » de ressources comptées et finies, qui déclinent et ne se renouvellent pas assez rapidement, ne peut pas durer. On creuse toujours plus profond, toujours plus fort à la recherche de pétrole, de charbon et d’énergies fossiles en général, créant des guerres qui ne disent pas leurs noms, on utilise des techniques toujours plus perfectionnées, dont on finance la recherche. Et malgré tout, ces ressources déclinent, pompées, consommées, de plus en plus inaccessibles. Sur l’exploitation de ces énergies formidables de puissance, notre modèle de société repose instablement. Et quand il n’y en aura plus ? Cet horizon est plus proche qu’on ne veut le croire. Le choc est inévitable, et il est question aujourd’hui de l’atténuer, et non pas de l’éviter. Les mots sont importants, parce qu’ils ont le pouvoir de nous conforter ou au contraire de nous sortir d’un déni, lorsqu’on veut bien les entendre. Pour aborder cette question d’atténuation, il est nécessaire de prendre du recul et de sans cesse remettre en question ce qu’on est, ce qu’on fait, en essayant d’aller toujours plus loin. Avec mesure, parce qu'à l’inverse de ce qu’on aime aussi croire, parce que ça serait plus facile, rien n’est 100% bon ou 100% mauvais.
Si foncer à 200km/h dans un mur ne fait pas moins de dégâts en voiture électrique qu’en voiture à essence, c’est peut-être la voiture en elle-même qu’il faut remettre en question, et non pas son moyen de propulsion. Posséder, avoir, savoir deux fois plus nous rend-t-il deux fois plus heureux ? Le PIB, considéré comme un indicateur de bien-être, suppose que chaque transaction monétaire y contribue, considère l'épuisement du capital naturel comme un revenu, augmente avec les activités polluantes, puis à nouveau avec les activités de dépollution. Le PIB, qui traite le crime, le divorce et les catastrophes naturelles comme des gains économiques. N’est-il pas devenu un indicateur totalement caduque pour rendre compte… du bien-être?
Une maison écologique, c’est une maison avec des panneaux solaires dernier cri, ou simplement une maison qui consomme peu ? Et l’écologie, d’ailleurs. C’est plutôt de l’austérité, de la privation ? ou la redécouverte de plaisirs et satisfactions simples, atteignables, l’éloge de la lenteur et de la sobriété ? Une pause sur le chemin de la puissance qui invite plutôt à avancer sur celui de la sagesse ? Le début d’un projet social basé sur le partage, le bien-être et les biens plutôt que sur l’argent et la propriété privée.
Et la pub, telle qu’elle est actuellement ? Est-ce que c’est une invitation à la créativité et au partage ? A la sobriété et au bien-être ? Ou plutôt une exhortation omniprésente, insidieuse, à consommer toujours plus en nous faisant croire, en nous rassurant, afin de faire croître les chiffres, un matraquage organisé, manipulateur, encourageant notre désir malsain de posséder, notre orgueil, comme si ce que nous possédons nous définissait. La pub, premier rouage d’une économie qui entre en crise, lorsque les gens n’achètent que ce dont ils ont besoin… Et si on contrôlait un peu plus ce qui nous contrôle ? Prenons du recul.
Comment on s’engage ? En cet instant, dans cette société, rien que de dire « décroissance soutenable », d’évoquer cette alternative qu’on entend si peu, d’en parler, afin que d’autres peut-être ensuite en parlent, je crois que ça fait de moi quelqu’un d’engagé. On en entend si peu parler, comme des autres alternatives, au PIB, à la pub, ou à tout ce qui maintient la société telle qu’elle s’est construite et telle qu’elle est actuellement, que je crois qu’elle est dans un premier temps plus facile à définir par ce qu’elle n’est pas.
La « décroissance soutenable », est-ce que c’est la déchéance de la société, le retour à l’âge de pierre et la vulnérabilité économique et énergétique ? Ou plutôt la diminution dès maintenant, pas à pas, de notre totale et malsaine dépendance aux énergies fossiles. Des engagements sont pris et un grand nombre d’actions concrètes sont mises en place localement par des associations, des gens qui se bougent. C’est chouette, mais c’est une diminution plus soutenue que ce que prône la politique actuellement qu’il faudrait pour être à la hauteur des enjeux et constats scientifiques. Pas à pas, décentraliser et diversifier les productions d’énergies, de denrées, afin de rendre les systèmes d’approvisionnement plus flexibles, à taille humaine. Se réapproprier les savoir-faire. Penser plutôt à réparer et réutiliser plutôt que de consommer ou recycler, ce qui consomme encore une fois de l’énergie et des ressources. Changer de paradigme. Tout cela va de paire avec la sobriété, qui consiste à consommer moins, et pas autre chose tout en continuant à croître comme le suggère le mirage du développement durable. Si le monde entier aspirait à vivre comme un européen ou un nord-américain, par exemple, quelque soient les ressources consommées, elles viendraient à manquer, puisque c’est le mode de vie en lui-même qui est trop gourmand et exubérant.
La décroissance soutenable, je crois que c’est une solution bien plus à faire que toute faite, qui requiert du courage et des choix difficiles. Une sorte de toile blanche à peindre collectivement, à coups de doutes sains, de patience, de satisfactions et d'insatisfactions comme dans tout processus créatif, afin d'inventer ou réinventer, changer. Partager. Arrêter de vouloir tout compter, chiffrer, contrôler. Car tout n’est pas comptable, chiffrable, ou contrôlable. Parler, réfléchir, c’est nécessaire et il faut prendre le temps pour ça. Mais quand on aura assez parlé, réfléchi, théorisé, en discours, en musique, qu’importe. Il faudra agir, parce que c’est dans l’action que tout changement commence vraiment.
« Sobre ». Ces textes sont les derniers que j’ai écrits. Avec ce projet je marque une cassure dans la chronologie de mes projets musicaux. Parce que j’ai senti que c’était maintenant et que ça ne pouvait pas attendre. Humblement, je vous encourage à prendre le temps vous aussi. Essayer, ne serait-ce qu’une fois d’arrêter de courir partout comme c’est la norme actuellement, à vous écouter, respirer, regarder à l’intérieur et avant tout tisser ou retisser le lien avec vous-même. Parce que c'est essentiel. Alors, peut être que vous trouverez vos propres réponses à toutes les questions que j’ai eu à cœur de soulever dans ce long partage, et que ça vous donnera peut-être aussi envie de changer, d’agir, à votre humble mesure.
Merci de m’avoir écouté.
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